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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/147

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où saucissons, andouilles et boudins s’étalaient en guirlandes, des poëlons, des casseroles et des marmites, pleins de mixtures inconnues, glapissaient à grand bruit sur les fourneaux incandescents. Des lanternes en papier huilé, suspendues à des ficelles et tournant sur elles-mêmes comme des tontons, jetaient une clarté vacillante sur les amateurs basanés groupés autour des victuailles, que le marchand, tamalero, chicharonero, fondero, pulpero, quelle que fût sa qualité, défendait de son mieux contre les tentatives des filous, à l’aide d’une lardoire acérée qu’il manœuvrait comme une lance.

Au centre de la place, d’autres tableaux attiraient l’attention. Ici, des groupes d’Indiens, les cheveux nattés et tombant sur le dos, coiffés de la montera triangulaire et le poncho rejeté sur l’épaule, exécutaient, au son d’un charango fêlé, les danses nationales de la Sierra. Plus loin, des huyfallas se tenant par la main et remuant la tête à la façon des magots du Céleste-Empire, formaient une ronde silencieuse, dont les temps d’arrêt, indiqués par un air de flûte que faisait entendre le musicien ou paypacullu placé au centre, étaient immédiatement suivis d’un soufflet et d’un coup de pied, que chaque danseur adressait à son voisin avec une précision remarquable.

En joignant à ces exercices chorégraphiques, le