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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/156

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le bas Pérou, on appelle nacimiento, non pas la scène de la nativité circonscrite dans un seul cadre, comme le nom pourrait le faire supposer, mais l’histoire complète de Notre-Seigneur Jésus-Christ, depuis sa naissance dans l’étable de Bethléem, jusqu’à sort supplice sur le Golgotha. On conçoit sans peine le riche développement que l’imagination peut donner à un pareil thème. Dans les grandes villes, les ordonnateurs de ces nacimientos sont de véritables artistes populaires qui luttent entre eux d’invention, de poésie et de naïveté ; c’est à qui l’’emportera sur son rival dans la représentation des divers épisodes sacrés, auxquels, le sculpteur, le peintre, le mécanicien, le décorateur, le costumier et même le musicien, sont appelés à concourir.

Le nacimiento que j’étais admis à visiter était loin d’avoir cette splendeur. Il reposait sur une longue et large table présentant trois rangs de gradins, dont la charpente n’était qu’imparfaitement dissimulée par des draperies blanches et bleues, ornées de bouillons de tulle, de nœuds de rubans et parsemées d’étoiles de clinquant. L’écusson péruvien avec son lama, sa malpighiacée et son cornucopio, d’où s’échappent à flots les onces et les piastres, en marquait le centre. Des bougies de toutes dimensions, des quinquets à réflecteurs et des lanternes tricolores, accrochés aux murailles ou pendus à la voûte, répandaient sur le tout une vive lumière.