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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/16

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politesse à laquelle je fus d’autant plus sensible, que mes vêtements, saupoudrés de neige, étaient devenus, au contact de l’air, d’une roideur métallique. Pendant quelques minutes, je restai debout devant le brasier, incapable d’articuler une parole, regardant sans les voir les jolies flammes bleues qui dansaient à sa surface, tout entier au bien-être physique qui me pénétrait par degrés, à mesure que mon sang reprenait, avec sa chaleur, son cours naturel.

À part le sol de la hutte, détrempé par la neige que les allants et les venants avaient apportée du dehors, quelques gouttières du toit et les vents coulis qui passaient par les gerçures des murailles, le bivac me parut assez confortable ; mais ce qui acheva de me réconcilier avec la situation, ce fut le cadavre d’un mouton fraîchement égorgé que j’apercus pendu à une solive. Comme mes provisions de route tiraient à leur fin, j’achetai sur-le-champ la moitié de l’animal, que son propriétaire m’abandonna pour une piastre, au grand scandale de Santiago, qui prétendait qu’un mouton tout entier ne valait que quatre réaux.

« Les voleurs ! me dit-il quand les Indiens se furent retirés ; comme ils profitent de l’occasion pour écorcher les voyageurs.

— Ils imitent certains arrieros de ma connaissance, lui répondis-je, qui exigent dix piastres par