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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/17

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mule, quand le fret habituel entre Aréquipa et Cuzco n’est que de huit piastres. »

Santiago, ne trouvant rien à répondre, s’empressa de préparer des grillades pour notre souper.

Le lendemain, nous ne quittâmes Rumihuasi que fort avant dans la matinée. L’orage de la veille et la neige, qui commençait à fondre, avaient si bien détrempé les chemins, que nos mules suèrent sang et eau pour franchir les trois lieues qui nous séparaient d’Ocoruro ; nous entrâmes dans le village à l’heure de l’Angélus, c’est-à-dire entre chien et loup.

Ce pueblo, le plus élevé de la Sierra Nevada[1], se compose d’à peu près cent cinquante huttes de sept à huit pieds de hauteur, grossièrement construites avec des éclats de pierre enduits de boue et couvertes en paille d’ichu. Il n’offre qu’une seule rue, très-accidentée par la disposition singulière des cabanes. Les unes se présentent de face, les autres de trois quarts, certaines en profil perdu, celles-ci empiètent audacieusement sur la voie publique, celles-

  1. Sa hauteur, que je mesurai deux ans plus tard, est de 17 315 pieds au-dessus du niveau de la mer. Longtemps on crut, sur le témoignage du savant M. de Humbolt, que la ferme d’Antisana, dans la république de l’Ecuador, était le plus haut point habité du globe. Mais l’expérience a prouvé depuis, que les poumons de l’homme peuvent aspirer sans danger un air encore plus raréfié, et les Indiens d’Ocoruro, placés à 2 800 pieds au-dessus des fermiers équatoriens, en sont la preuve concluante.