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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/161

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à l’entrée de la place, où les jeux, les danses et l’ivresse se poursuivaient avec plus d’entrain que jamais. Le sonneur de cloches, tout ragaillardi par la double ration de tafia qu’il avait absorbée, tenait absolument, me disait-il, à me montrer d’autres nacimientos, encore plus somptueux que celui que nous venions de voir ; mais craignant d’affaiblir, par la comparaison, le bon souvenir que je conservais du premier, je lui répondis que je m’en tiendrais à ce seul essai, décision qui parut le contrarier et qu’il essaya de combattre par une foule d’arguments. Voyant que j’étais inflexible, il me quitta pour se rendre à l’église, où ses fonctions le rappelaient, et me promit de me rejoindre sous le porche à l’heure de la messe.

Je regagnai le poste que j’occupais précédemment sur les marches du temple, et, mêlé à la troupe féminine qui stationnait en ce lieu depuis le commencement de la soirée, et dont le personnel s’était accru de buveurs hors d’haleine et d’enfants endormis, j’essayai de charmer les ennuis de l’attente en m’entretenant avec mes propres pensées ; puis, comme l’immobilité à laquelle j’étais forcément condamné n’eût pas tardé à m’occasionner une véritable fatigue, j’imaginai, pour la prévenir, d’étendre tour à tour une de mes jambes sur le dos de quelques voisins, pendant que l’autre jambe restait chargée du poids de mon individu, manœuvre qui