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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/165

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gard, aux extrémités de la balustrade. L’or, l’argent, les joyaux, les dentelles, prodigués à l’envi sur chacun de leurs autels, le nombre d’ex-voto, de tableaux, de figurines, de vases de fleurs et de cages d’oiseaux dont ils étaient ornés, et qui formaient un contraste frappant avec l’indigente nudité du maître-autel, témoignaient ostensiblement de la préférence que les fidèles accordaient aux premiers. Leurs ancêtres, les Péruviens, agissaient de même : trouvant Pachacamac, le créateur et le maître omnipotent et invisible, trop éloigné d’eux pour que leurs prières pussent parvenir jusqu’à lui, ils s’étaient fait une loi de ne jamais prononcer son nom, et gardaient leurs adorations et leurs sacrifices pour Churi et Quilla, le soleil et la lune, divinités qu’ils supposaient plus accessibles.

Mon examen fut interrompu par l’arrivée de l’officiant, qui s’avançait vers l’autel, accompagné du diacre et du sous-diacre, des acolytes et des thuriféraires, et suivi à distance par quatre chantres, dont la nuance de peau déjà fort obscure, ressortait plus obscure encore au contact de l’aube, ou plutôt de l’immense peignoir en mousseline blanche qui les enveloppait de la tête aux pieds. Une collerette de plus d’un mètre de circonférence et dont la figure hypocratériforme rappelait la corolle d’une pervenche, encadrait le chef de ces personnages, et lui donnait un cachet singulier. Pendant qu’ils prenaient