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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/169

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des sacristains, venait d’éteindre le quinquet du jubé croyant apparemment que j’étais nyctalope.

Au moment où nous passions le seuil du porche, les portes de l’église se refermaient brusquement sur nous. Je demandai à l’organiste le motif d’une pareille promptitude, et il me répondit que les sacristains avaient hâte de retourner à leurs plaisirs, trop longtemps interrompus par les préparatifs de l’illumination et l’audition de la grand’messe. En effet, comme si non-seulement les sacristains, mais la foule entière, avait à cœur de regagner le temps perdu, les danses, les jeux et les libations recommençaient avec plus d’entrain que jamais ; les réchauds s’allumaient, les poêles et les casseroles reprenaient leur service, et les femmes voilées, libres maintenant de rompre le jeûne qu’elles avaient religieusement observé jusqu’à minuit, se débarrassaient de leurs mantilles, et se jetaient dans la mêlée avec des rires et des cris capables de réveiller un mort. Je devinai que ce renfort de troupes fraîches allait donner à la lutte des proportions épiques, et, ne me sentant ni le feu de Tyrtée pour animer les combattants, ni la verve d’Homère pour chanter leurs exploits, je pris congé de mon guide et le laissai libre de retourner aux nacimientos, vers lesquels semblait l’entraîner une secrète sympathie.

Je regagnai mon paisible logis, où mon premier