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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/18

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s’en éloignent de quelques mètres. Ce manque de parallélisme, d’où résulte une infinité de figures géométriques, donne au village d’Ocoruro l’aspect le plus baroque qu’on puisse imaginer.

Une petite cour quadrangulaire, qui dépassait le faîte des toitures, m’annonçait le voisinage de l’église. Pensant, à tort ou à raison, que le presbytère n’en devait pas être éloigné, je tournai dans cette direction la tête de ma mule, et, après avoir pataugé durant quelques minutes dans une mare de neige fondue, accroché mes étriers en babouches aux angles des maisons et heurté deux ou trois chiens, qui me poursuivaient d’aboiements enroués, j’arrivai, traînant mon guide à la remorque, devant une chaumière d’aspect moins délabré que celles du village. Malgré l’heure et le froid, la porte en était encore ouverte, et, à la clarté d’un suif collé à la muraille, j’aperçus une Indienne occupée à filer. Au bruit de nos montures, elle tourna la tête, nous entrevit dans l’ombre et se leva d’un air effaré. Je priai Santiago de porter la parole.

« Est-ce ici que demeure M. le curé ? demanda le mozo dans son quechua le plus pur.

Ari, dit la femme ; mais le señor padre est absent depuis quinze jours et ne sera de retour qu’à la fin du mois. Si vous tenez à le voir, vous le trouverez à sa mine de Cotagayta.

Votoa ! Et la mine est-elle éloignée ?