ment des repas ; mais la Providence se montrait sensible à notre détresse en nous envoyant, à défaut de manne, des œufs de mouettes et de pingouins, qu’un jour d’abstinence nous faisait trouver délicieux. Une fois seulement, entre Pico et Pabellon-Pata, elle resta sourde aux prières que nous lui adressions depuis trente-six heures, et, sans le passage d’une caravane de mineurs qui se rendaient à Huantajaya, je ne sais trop si les Llipis, malgré leur sobriété proverbiale, et moi-même malgré mon stoïcisme habituel, nous ne serions pas morts de faim.
Qu’on me pardonne ces détails ; mais j’écris surtout pour les malheureux voyageurs qu’une vocation irrésistible pousserait à étudier les régions stériles et désertes du bas Pérou de préférence à ses parties fertiles et civilisées. Or, comme les Guias de los Forasteros, qu’ils pourraient consulter, ne contiennent aucune indication précise sur les ressources alimentaires qu’offrent à cet endroit les rivages du Pacifique, j’ai cru devoir, par intérêt pour mes confrères, en toucher ici quelques mots.
Grâce à la carte côtière dont je m’étais muni en quittant Copiapo, et sur laquelle je pointais scrupuleusement, à chaque halte, la distance que j’avais parcourue et celle qui me restait à parcourir, je pus constater d’un coup d’œil qu’entre la plage de Mejia, que je venais d’atteindre, et le port d’Islay, où je