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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/179

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comptais terminer mon exploration, le trajet n’était que de quatorze lieues. Je connaissais déjà les environs d’Islay, ses lluanos d’oiseaux et de poissons, ses volcans éteints et ses cimetières antiques, et l’idée d’en recommencer l’étude analytique ne me souriant nullement, je conçus le projet de terminer à cheval mon voyage, jusque-là accompli pédestrement. Pour atteindre ce but, il me suffisait d’envoyer un des Llipis chez le consul britannique résidant à Islay, avec prière à celui-ci de m’expédier par retour du courrier un guide et une mule. Les liens affectueux qui m’unissaient à cet insulaire et les airs de clavecin dont ses filles me régalaient à chacune de mes visites, m’étaient de sûrs garants que ma demande serait favorablement accueillie.

Le Llipi appelé à remplir l’office de courrier, ceignit ses reins au coucher du soleil, reçut de sa femme, à titre de provisions de route, une poignée de fucus et d’huîtres grillées, et ne tarda pas à disparaître dans les profondeurs du désert. Le surlendemain, dans la matinée, il était de retour, accompagné de l’homme et de la bête que j’avais demandés. Le premier soin de l’homme, en mettant pied à terre, fut de s’enquérir à moi-même si j’étais bien le señor Fulaño[1], comme si une substitution d’individu eût été possible au milieu de ces solitudes, et, sur ma

  1. Un tel.