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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/186

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que la chanson du roi Rodrigue, soit que le chanteur le recommencât après l’avoir fini, après trois heures de chevauchée, la maudite complainte se poursuivait toujours avec le même entrain. Ce bourdonnement continu, joint à la soif qui me serrait la gorge, avait fini par m’exaspérer de telle sorte, que j’allais prier le mozo de se taire, lorsque j’aperçus à l’extrémité de la plaine une lisière de mornes rougeâtres et pelés qui m’annonçaient la fin de la zone des cendres et le commencement de la région pierreuse ; naturellement mes idées prirent un autre cours.

Après un laps de temps que je ne songeai point à calculer, nous atteignîmes l’entrée d’une barranca, espèce de gorge en figure de V, formée par le rapprochement de deux montagnes. L’ouverture en était si étroite que nous n’y pûmes passer de front. Cependant le sentier ne tarda pas à s’élargir et nous permit de marcher côte à côte. Je remarquai qu’avec les cendres avaient disparu les cirius et les héliotropes, mais sans que la végétation, représentée à cette heure par des xyris, des poas et autres graminées d’un nom plus ou moins euphonique, eût pris un aspect plus réjouissant. En revanche, la chaleur avait augmenté subitement de cinq à six degrés, comme j’en pus juger par la sueur qui me coulait du front et par un thermomètre de poche sur lequel je jetai les yeux.

Cette barranca, qui me parut interminable, nous