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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/187

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conduisit dans une plaine de quelque trois lieues de circuit. Le sol, formé d’un sable compacte, de menus galets et de veines de sel marin, offrait une nuance fauve sur laquelle tranchaient çà et là, comme les taches d’une peau de tigre, des massifs de figuiers et d’oliviers. À la vue de ces verdures glauques et souffreteuses, que la pluie où la rosée semblait n’avoir jamais humectées, je demandai vivement au mozo s’il était possible de se procurer de l’eau en un site pareil, et, malgré le ton sérieux de sa réponse affirmative, je ne me sentis qu’à demi convaincu. Bientôt nous entrâmes sous le couvert d’un de ces bosquets, car je ne saurais nommer autrement une quinzaine d’arbres rachitiques dont se composait chaque plantation, et à l’ombre d’une natte posée sur quatre pieux, qui me rappela sur-le-champ mon ajoupa des plages de Mejia, j’aperçus une famille de Cholos, composée du mari, de la ferme et de trois enfants. L’extérieur misérable de ces indigènes, leur teint hâve et maladif, s’harmoniaient avec l’aridité du paysage et le ton blafard des verdures. À peine arrivé, je demandai de l’eau, et l’accent que je donnai à ces simples paroles dut être des plus pathétiques, car la femme, sans se donner le temps de rajuster les haillons qui recouvraient ses maigres charmes, prit une écuelle, alla l’emplir à une espèce d’auge placée au ras du sol et me l’apporta toujours courant. Je bus cette eau avec délices, bien qu’elle