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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/188

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fût à la fois trouble, tiède et saumâtre ; puis, quand ma soif fut à peu près calmée, j’interrogeai ces pauvres gens sur le genre de vie qu’ils menaient en ce lieu, sur les soins qu’exigeaient leurs cultures et les produits qu’ils en retiraient. Ils me répondirent que leur demeure habituelle s’élevait à dix lieues de là, sur les hauteurs de Tambo, et que la natte sous laquelle je les voyais n’était que leur villa des champs. Absents de la plantation pendant onze mois de l’année, ils s’en remettaient à la Providence du soin de veiller sur leurs arbres, se contentant de les visiter le douzième mois, quand l’heure de la cueillette des olives et des figues était venue. Cette foi profonde dans la Providence, dont je m’émerveillai comme d’une grâce spéciale, était, me dirent-ils ingénument, l’apanage de tous les propriétaires voisins, — chaque bosquet relevait d’un propriétaire, — qui, à leur exemple, ne se rendaient à l’Olivar où au Higueral que pour en recueillir les fruits.

Une fois la récolte achevée, on extrayait des olives, préalablement exposées au soleil pendant une douzaine de jours, cet aceyte del pais, dont la rancidité fera longtemps le désespoir de l’étranger. Les figues récoltées d’après le même système, c’est-à-dire aux trois quarts pourries, étaient jetées dans de grandes jarres à moitié remplies d’eau et donnaient, par la macération, une teinture violette appelée chimbango,