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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/189

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que mes deux Cholos qualifiaient de vin et sur le compte duquel ils ne tarissaient pas d’éloges ; ce vin local, ainsi que je l’appris plus tard, avait le triple inconvénient de troubler le cerveau, de s’aigrir en huit jours, et d’occasionner aux buveurs novices des dyssenteries de la pire espèce.

Pendant la durée du travail, les manœuvres des deux sexes, y compris les enfants, se nourrissaient de figues crues ou cuites, selon le goût de chacun d’eux ; mais, si l’année avait été peu productive, ils se contentaient, dans l’intérêt de leur commerce, de jouir de ces fruits par la vue et par l’odorat. En revanche, me dirent-ils, s’ils mangeaient peu, ils buvaient beaucoup d’eau, afin de neutraliser, par l’absorption de ce liquide, l’action dessiccative qu’un jeûne continu n’eût pas manqué de produire dans leurs organes digestifs. Quand j’eus consigné dans mon album ces détails intéressants, je vidai une seconde. écuelle d’eau saumâtre, en prévision de la soif à venir, et nous prîmes congé des Chacareros.

La route que nous suivîmes coupait la plaine en diagonale, ce qui me permit de relever en passant bon nombre de plantations munies de leurs nattes, dont les propriétaires étaient étendus sur le sol dans les poses les plus nonchalantes. Malgré l’assertion des premiers, je ne saurais dire si ceux-ci étaient pleins de foi dans la Providence ; tout ce que je puis