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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/20

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Comme toutes les huttes étaient closes, qu’aucune lumière ne brillait à travers leurs joints, il me parut assez difficile de découvrir la demeure de cette Huarmi-Juana dont on venait de nous parler. Mon guide prit un excellent parti pour nous tirer d’embarras, c’était de frapper à toutes les portes jusqu’à ce qu’il eût trouvé celle qu’il cherchait. À la quarante-troisième cabane et à l’invariable formule qu’il avait adoptée : « Est-ce ici la case à Huarmi-Juana ? » une voix répondit enfin : « C’est ici ; mais la Juana dort, passez votre chemin.

— Il y a deux piastres à gagner, » lui cria le mozo.

Une lumière parut bientôt à travers les fentes de la cabane, puis la porte s’ouvrit, nous laissant voir une femme d’environ quarante ans, courte, rougeaude, tannée, les cheveux en désordre, et les épaules à peine couvertes par un méchant lambeau de serge.

« Enchanté de te voir, Juana de mon âme, lui dit le guide en mettant pied à terre.

Chistoso ! fit la femme ; d’où venez-vous donc à cette heure, et qui vous a indiqué ma maison ? Padre mio ! fit-elle en m’apercevant, il y a quelqu’un avec vous… »

Le mozo, sans répondre, lui prit la chandelle des mains et entra dans la hutte, où je le suivis bravement. La perspective de passer une nuit à la belle