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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/206

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nous restaient encore, il me crut suffisamment édifié sur son mérite et cessa de m’en entretenir ; mais, pour se dédommager du silence que je l’obligeais à garder, il reprit son yaravi de la veille, et les coplas se succédèrent sans interruption jusqu’à ce que nous eussions atteint la région pierreuse qui forme à l’est la limite des pampas et les premières assises des contre-forts occidentaux des Andes.

Cette région, large de trois à quatre lieues, et qui s’étend des vallées de Locumba à celles de Camana, sur une longueur d’environ soixante lieues, est entièrement stérile et ne présente qu’une multitude de serros rattachés l’un à l’autre et composés de milliers de blocs entassés en désordre. Leur formation paraît due au retrait des eaux, qui, refoulées d’est à ouest lors du soulèvement des masses trachytiques, entraînèrent avec elles la couche des grès siluriens violemment fracturée, et en amoncelèrent les débris à l’entrée de la plaine. Ces serros, dont la hauteur varie entre deux cents et huit cents mètres, offrent des versants peu rapides et des sommets généralement arrondis. Leur ton local, d’une nuance rose sèche, n’est égayé par d’autre végétation que celle des cirius, des candélaris et de quelques euphorbes, qui rampent et se tordent entre les pierres, pareils à des reptiles plutôt qu’à des plantes.

Nous nous engageâmes bientôt dans les défilés formés par le rapprochement de ces montagnes.