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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/222

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vres mules n’avaient ni foin ni paille sous la dent, et, comme j’en fis tout haut la remarque, le mozo s’empressa de me rassurer à leur égard, en m’apprenant qu’avant de les lâcher dans le coral où elles devaient passer la nuit à la belle étoile, il avait eu soin de leur frictionner les naseaux avec les gousses d’ail qui lui restaient.

Le lendemain, je pris congé des ex-pasteurs en leur laissant quelque monnaie. De la limite des neiges éternelles que nous avions atteinte, nous ne tardâmes pas à redescendre, de gradins en gradins, vers la zone des punas, qui porte, en cet endroit, le nom de Collao, en souvenir de la race autochthone qui l’habitait avant l’apparition des Incas. Chemin faisant, je m’étais flatté, sur la foi d’une carte de poche, qu’au moment d’aborder ces vastes plateaux je pourrais reconnaître, aux environs de Pati, les sources du Chile et plus loin relever Cuevillas et sa lagune, laquelle, réunie à celle de Compuertas par je ruisseau de Llescas, forme un des principaux affluents du lac de Titicaca ; mais j’avais compté sans mon guide, qui, pour abréger le temps et l’espace, délaissa les points indiqués et prit à travers punas et cordillères, sans s’enquérir si la chose était de mon goût. Grâce à ce changement d’itinéraire, au lieu des bivacs confortables sur lesquels j’étais en droit de compter, je n’eus d’autre abri, pour reposer ma tête, que les cuevas des pasteurs de cette contrée,