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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/223

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antres troglodytiques dans lesquels je ne pouvais entrer qu’en me traînant sur les genoux. Par compensation, le pays abondait en moutons vivants et fumés, en fromages plats, en patates gelées (chuño), que leurs propriétaires ne refusaient jamais de vendre, et les repas du jour me consolèrent un peu des gîtes de la nuit.

Après deux jours de marche sur les plateaux Collahuinos, où nous fûmes assaillis par la neige et la grêle, étourdis par les coups de tonnerre et presque aveuglés par les éclairs, nous atteignîmes, vers quatre heures de l’après-midi, le pied d’une haute colline située entre deux versants opposés qu’elle reliait l’un à l’autre. Cette colline, revêtue de gradins circulaires (Andanerias) et dont la forme, à défaut de la destination, rappelait les Téocallis mexicains, dérivés du temple de Bel, supportait à son sommet une de ces pucaras, ou forteresses en pisé, que les Incas de la seconde période plaçaient sur la limite des territoires nouvellement conquis. Nous passâmes entre cette colline et le versant de la droite, et nous nous trouvâmes sur la lisière d’une immense puna inclinée du nord au sud. Sur le fond verdâtre de cette plaine tapissée d’herbe rase, se dessinait une maison blanche et carrée, avec un toit de tuiles rouges et six fenêtres de façade. La vue d’un pareil édifice au milieu de ces régions glacées me parut tenir du prodige, et, plein d’admiration, je le mon-