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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/227

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donnait à Puno, j’avais tout lieu de croire qu’il se portait à merveille.

Une fois la glace rompue entre nous, M. Reegle me fit entendre, dans un idiome à peu près castillan, que j’étais le bienvenu dans sa demeure et qu’il ne tiendrait qu’à moi d’y passer quelques jours. Cette insinuation aimable me fut confirmée par une poignée de main, à laquelle il ajouta l’offre d’un verre de grog et d’une chambre, avec la faculté de choisir dans sa garde-robe les vêtements qui pourraient m’être nécessaires. Je le remerciai, non sans sourire un peu à l’idée de m’affubler de ses habits, tant à cause de la taille de l’individu, qui dépassait la mienne de six pouces, que de la coupe de ces mêmes habits, dont je ne me rappelais avoir vu nulle part le modèle.

M. Reegle portait ce jour-là un pantalon à pied en bayeta de Castille à longs poils, d’une blancheur éclatante, et assez collant pour mettre en relief les os, les muscles et les tendons de ses jambes fluettes. Un spencer de même étoffe et de même couleur adhérait à son torse d’une façon non moins exacte, et en moulait, pour ainsi dire, toutes les cavités. À ce spencer était adapté par derrière un capuchon pareil à celui d’un domino, qui, rabattu sur la tête de l’insulaire, lui servait à la fois de coiffure et d’abri. La pureté sans tache de ce costume faisait ressortir, plus vermeil encore, le visage naturellement rubi-