au ciel d’où ils sont venus. Après quinze ans de séjour sur la côte du Pacifique, quinze ans d’un bonheur non interrompu, Deborah, mon épouse, se sentit prise de nostalgie à l’aspect de cet Océan bleu et de ce ciel sans nuages et manifesta le désir d’aller vivre dans la sierra. Les montagnes et le climat de cette région lui rappelaient ceux de l’Écosse, où elle était née. Je m’empressai de souscrire à ses vœux, et, pour que sa nouvelle habitation fût digne d’elle, j’en traçai le plan moi-mème et j’employai cent ouvriers à la construire. Cette demeure est celle où nous sommes. Deborah et Polly vinrent s’y établir dans un accord joyeux. Une fois installées, chacune d’elles se créa des distractions selon ses goûts : mon épouse, en s’entourant d’alpacas et de vigognes, dont elle voulait croiser les races dans un but d’utilité commerciale ; ma fille, en se vouant à l’élève des chinchillas. De mon côté, j’entrepris la rédaction de deux mémoires, que je comptais faire insérer dans un journal savant. Le premier avait trait aux qualités curatives du sandi[1], le second, au procédé qu’emploient les Indiens des plateaux pour blanchir leurs chemises. Trois ans s’écoulèrent comme un rêve au milieu de ces innocents labeurs, embellis par les épanchements d’une tendresse mutuelle. Mais la félicité de l’homme est éphémère comme
- ↑ Galactotendrum utile (arbre à la vache).