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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/240

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commençait à s’opérer, elle s’accrut de telle sorte, qu’il me fut impossible de la maîtriser. Après un quart d’heure de lutte, ma tête se prit à rouler de l’une à l’autre épaule, et mon hôte, qui s’en aperçut, eut la bonté de mettre un terme à ce martyre, en m’engageant à passer dans la chambre qui m’était destinée. Si mon premier mouvement fut de me jeter dans les bras de cet excellent homme, qui pratiquait l’hospitalité à la manière antique, le second fut de lui dire que, comptant me mettre en route au petit jour, et ne pouvant le voir à cette heure douteuse, je le priais d’agréer à l’avance mes remercîments pour son aimable accueil, et de croire à la sincérité des vœux que je formais pour son bonheur.

« Grand merci, me répondit-il d’un air pénétré ; mais comme en perdant l’appétit, j’ai perdu aussi le sommeil, au lieu de passer les nuits dans un lit, où des visions funèbres viendraient assiéger mon chevet, je les passe habituellement à lire et à méditer, assis à cette table, où demain vous me retrouverez encore. »

Je me retirai le cœur gros, en priant Dieu de rendre un peu de calme à cette pauvre âme affligée. Le pongo m’attendait à la porte pour m’offrir le bougeoir ; je lui demandai des nouvelles de mon guide et des mules ; il m’apprit que le premier était magnifiquement traité à l’office, et les secondes, plongées jusqu’au poitrail dans le fourrage. Après l’avoir chargé de me réveiller avant le jour, je le congédiai,