prit aussitôt, ne satisfaisant qu’à demi l’impatience de mon guide, il se plaça derrière la bête et se mit à lui battre les flancs avec ses rênes tucumanes, accompagnant cette flagellation d’épithètes injurieuses. Sensible à ce double outrage et dans le but de s’y soustraire, la mule ne tarda pas à se lancer à fond de train ; mais le mozo se mit résolûment à sa poursuite, et, par ses coups et ses injures, développa jusqu’à la fureur l’activité de l’animal. Grâce à cet emploi continu de la rêne et de la parole, nous brûlâmes littéralement le chemin, et, partis à cinq heures de Paucarcolla, nous faisions, à dix heures du soir, notre entrée dans la ville de Puno, que les Chartes modernes qualifient pompeusement de « héroïque et bien méritante. »
L’héroïque cité, pour ne lui donner que le premier de ses titres, était noire comme la gueule d’un four quand nous y entrâmes. Mais, en avançant vers la plaza Mayor, les chicherias ouvertes et des lumières qui brillaient aux fenêtres nous apprirent que les habitants, par égard pour la solennité du lendemain, avaient momentanément rompu avec leur habitude de se coucher en même temps que le soleil.
Mon guide, qui connaissait de longue main les allures du consul anglais, alla frapper chez celui de ses correspondants où il espérait le trouver, et son attente ne fut pas déçue. Cinq minutes après, M. Saunders me serrait la main, et, sans pitié pour