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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/26

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tants de ce calme séjour devaient descendre à coup sêr des bergers de Théocrite ou de Virgile, chanter comme eux leurs amours sur des pipeaux rustiques, se nourrir de maïs à défaut de castaneæ molles, et couler des jours tissés d’or et de soie. Le mozo s’empressa de m’apprendre que ce lac et ce village étaient ceux de Langui, et qu’ils relevaient de la province de Tinta. Les Languineños, ajouta-t-il, comme si sa qualité de guide lui fît un devoir de ne rien omettre, sont, de tous les habitants de la province, les plus voleurs, les plus ivrognes et les plus querelleurs. Il ne se passe pas de semaine que le gobernador n’en fasse emprisonner et fouetter quelques-uns par suite de vols, de rixes et de blessures.

« Que le diable t’emporte avec tes détails ! murmurai-je en m’arrachant à contre-cœur à la contemplation de ce paysage. »

Le soir venu, nous allâmes bivaquer dans une ferme où l’on nous servit un plat de cochons d’Inde à la purée de piment, une salade d’ognons crus et des beignets à la mélasse. La délicatesse de ce menu me fit penser que nous devions toucher à la limite d’une civilisation avancée. En effet, le lendemain, nous faisions une entrée pompeuse dans le village de Tungasuca.

Ce village était le théâtre d’une foire, qui, chaque année, s’y tient à la même époque. Les commerçants