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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/266

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ville. Heureusement, j’en avais été prévenu à temps par le remue-ménage qui avait lieu dans la maison et la vue des outres de vin et d’eau-de-vie, qu’on disposait dans les coins du salon en manière de jardinières. Prévoyant un éclat terrible, je m’esquivai quand vint la nuit, et, barricadé dans ma cellule, je pus entendre, comme à l’abri du port, rugir, jusqu’à l’aurore, l’orchestre de la procession, piétiner les danseurs de zapateo et vociférer l’assistance.

Le surlendemain je quittai Puno. L’idée ambitieuse m’était venue, en contemplant son lac, de réaliser, à l’égard de la vaste nappe, le circumdedit me du navigateur génois. Après avoir soldé le compte de Pacheco et pris congé de mes hôtes, je promis à M. Saunders, que ses affaires devaient retenir à Puno un grand mois encore, de venir l’y rejoindre. J’avais calculé que mon absence durerait au plus trois semaines. À mon retour, nous devions profiter de la goëlette pour explorer en commun les îles verdoyantes semées sur le grand lac, depuis l’île de Titicaca, qui a deux lieues de circonférence, jusqu’à l’îlot de Puma, qui n’a que vingt mètres de tour. Je partis accompagné de deux chasquis ; mais, en voyage, si l’homme bien souvent propose, c’est presque toujours Dieu qui dispose, et je devais l’apprendre à mes dépens. Après une visite aux volcans éteints de Chupa, je m’arrêtai devant les sources minérales d’Arapa, puis, de ces dernières, je passai aux af-