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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/288

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— Ma foi, vous avez raison, » me répondit-il en époussetant les manches de sa soutane et en relevant un peu sa ceinture pour dissimuler un hiatus causé par la chute de trois boutons.

À mesure que le personnage officiel se rapprochait de nous, son signalement, que je prenais du coin de l’œil, me semblait s’appliquer trait pour trait à un hidalgo cusqueño de ma connaissance, homme riche et considéré, avec qui j’avais partagé maintes fois le pain et le sel, à Urubamba, dans la saison des unuelas (pêches). Bientôt je n’eus plus aucun doute. Les yeux de l’individu venaient de rencontrer les miens et s’étaient agrandis subitement, pendant que sa bouche s’ouvrait en signe de surprise.

« Señor don Estevan Semilla de Repollo ! m’écriai-je quand il fut à trois pas de nous.

— Amigo don Pablo ! » fit-il à son tour en m’ouvrant ses bras, dans lesquels je me laissai choir.

Pendant que nous nous accolions avec tendresse :

« Pas un mot devant ces gens, » me souffla-t-il rapidement à l’oreille. Je pris mon homme par la main et le présentai au curé. Notre reconnaissance subite avait si fort étonné celui-ci, qu’il put à peine balbutier quelques mots de politesse. La réponse de don Estevan, au contraire, fut faite avec l’aplomb d’un ministre plénipotentiaire, sûr de la validité de ses pouvoirs. Après cet échange de civilités, le curé le pria gracieusement d’entrer dans sa maison, prière