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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/294

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petits gâteaux bruns, découpés en cœur, et d’une dureté telle, que le serpent du bon La Fontaine s’y fût brisé les dents comme sur une lime. La gouvernante remit à chacun de nous une macerina pourvue de sa bombilla, et nous nous empressâmes de faire honneur à son infusion de coca, qu’une ménagère anglaise n’eût pas désapprouvée. Des toasts furent portés ensuite par le curé et l’ingénieur à la gloire de la république, à la prospérité toujours croissante du Pérou, à la longévité du président ; puis ces messieurs burent encore au commerce, à l’industrie, à la marine, à l’armée, et terminèrent en portant leurs santés respectives.

Comme don Estevan devait partir au petit jour, il se leva bientôt pour prendre congé du curé ; mais celui-ci refusa de considérer cet adieu comme définitif, comptant, dit-il, assister, avec tous les notables de Coporaqué, au départ de Sa Seigneurie. Don Estevan le supplia de n’en rien faire, mais le curé riposta finement, qu’un colonel du génie, honoré de la confiance du chef de l’État, n’était point un homme vulgaire qu’on pût laisser partir incognito ; qu’en honorant les saints on se rendait agréable à Dieu, et que pour ces raisons, comme pour beaucoup d’autres dont il lui faisait grâce, Sa Seigneurie voulût bien ne pas insister davantage. De nouvelles civilités furent échangées au seuil du presbytère entre le pasteur et le colonel, qui se séparèrent enfin,