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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/295

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après mains saluts faits à reculons de la façon la plus courtoise.

Resté seul avec don Estevan, que je voulus accompagner jusqu’au logis du gobernador où il avait élu domicile, mon premier acte fut de lâcher un éclat de rire que je contenais à grand peine depuis près de deux heures.

« Apprenez-moi donc, lui dis-je, quand j’eus assez ri, ce que signifie cette mogiganga, et comment, de bourgeois débonnaire que je vous laissai l’an passé, vous êtes devenu colonel du génie ?

— Señor don Pablo, me répondit-il, il me semble que vous pourriez parler plus poliment ; ai-je donc l’air d’un masque, que vous employez à mon égard le mot de mascarade ?

— Pardon, mon colonel ; préférez-vous le mot disfraz (déguisement) ?

— Ni l’un, ni l’autre ; et, pour couper court à vos paroles malséantes, je vous apprendrai ce que vous désirez savoir, Vous connaissez ma femme ?

— Doña Lorenza ? certes ! une ferme adorable… une lineña ravissante…

— Bien, bien ; mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Ma femme, depuis quelque temps, me faisait la guerre à propos de mes goûts casaniers et de l’oisiveté, disait-elle, dans laquelle je croupissais. Notez que j ai des fermes et des chacaras dans tout le département de Cuzco, des plantations de coca