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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/300

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— Malheureux ! m’écriai-je, et le plan de Cailloma ?

— Il est là ! » fit don Estevan en se frappant le front.

Je me retirai tout émerveillé de la confiance que le colonel paraissait avoir en lui-même. Le curé Bocangelino m’attendait en lisant son office. À peine fus-je entré qu’on servit le souper, qui se composait d’un bouillon aux œufs, de la salade dédaignée, et autres restes de la collation. Pendant le repas, nous ne parlâmes que du colonel et de l’objet de son voyage. Le pasteur et sa gouvernante le trouvaient charmant. Cette dernière regrettait amèrement de l’avoir traité de voleur ; mon hôte, renchérissant sur ses regrets, ne parlait de rien moins que de retenir, pour les distribuer aux pauvres, une partie des bijoux et des piastres que lui avaient confiés ses paroissiens, afin, disait-il, de punir ces derniers de leurs jugements téméraires. À huit heures, nous nous séparâmes en nous souhaitant mutuellement une heureuse nuit.

Réveillé de bonne heure par les bruits du dehors, je m’habillai et courus sur la place ; une grande agitation y régnait, Des indigènes des deux sexes la traversaient dans tous les sens, d’un air de fourmis affairées, s’interpellant à tue-tête et s’apostrophant sur tous les tons, tandis que, devant le logis du gobernador, des ânes, des mules de charge et de selle,