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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/324

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qu’en outre elle était située à cent pas du lac, je proposai à don Estevan de s’y établir avec moi pendant la durée du travail que j’allais entreprendre. D’abord il m’objecta que l’humidité d’un endroit pareil pourrait bien réveiller certain lumbago dont il souffrait depuis longtemps ; mais quand je l’eus assuré que la peau d’un rat, que je me chargeais de tuer, appliquée fumante sur la partie malade, le débarrasserait infailliblement de son rhumatisme, il s’en remit à ma sagesse, et je donnai l’ordre aux Indiens d’entrer dans la cueva et de commencer la besogne. Pendant que les uns coupaient des brassées de jarava et les transformaient en balais, d’autres, se dépouillant de leurs ponchos, s’en servaient en manière de plumeaux pour épousseter les murailles.

Quand le nuage de poussière se fut un peu dissipé, nous entrâmes à notre tour dans la caverne, où régnait un demi-jour voluptueux. Large de huit mètres, haute de douze et profonde de vingt-cinq, elle offrait la bizarre disposition d’une coque de navire, placée la quille en haut. Cette quille était figurée par une crevasse longitudinale, espèce de soupirail dont l’œil ne pouvait percer l’ombre, et qui permettait à l’air extérieur d’arriver jusqu’aux entrailles de la montagne. Un mur en pisé, élevé à hauteur d’homme et long seulement de huit mètres, divisait l’entrée de la caverne en deux compartiments. Au fond, le sol jonché de paille brisée révé-