Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lait le séjour plus ou moins prolongé de bêtes de somme, à qui cette partie du logis avait dû servir d’écurie.

Après avoir pris possession de notre nouveau domicile, que je déclarai souverainement pittoresque, mais que, par esprit de contradiction, don Estevan trouva glacial, mélancolique et ténébreux, nous n’eûmes plus qu’à nous asseoir à terre et à nous croiser les bras, en attendant le retour des arrieros chargés de nos effets. Une heure se passa en causerie intime, entremêlée de cigarettes et de bâillements ; puis, cédant par degrés à l’apathie langoureuse qui s’emparait de nous, nos deux têtes commencèrent à s’incliner à tour de rôle ; déjà nous n’avions plus qu’un sentiment confus de la situation, lorsque le galop sourd d’une cavalcade et des cris joyeux nous tirèrent de notre assoupissement. « C’est Apolinario qui revient, dit don Estevan, « Avec nos bagages, » ajoutai-je ; et nous sortîmes de ]a caverne en nous frottant les yeux.

C’était Apolinario, en effet, mais accompagné, outre son escorte d’honneur, d’une députation des notables de Cailloma, qui, dans leur empressement à venir rendre leurs devoirs à un colonel du génie envoyé par l’État, s’étaient élancés sur le dos des premiers quadrupèdes venus, ânes, mules, mulets, que le hasard avait placés à leur portée, et cela sans prendre le temps de les harnacher. Quelques per-