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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/326

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sonnes du beau sexe s’étaient jointes à eux, encouragées par l’exemple de l’épouse du gobernador, qu’on voyait en tête, assise à califourchon sur une ânesse que son mari tirait par le licou.

En nous apercevant, hommes et femmes poussèrent un hourra formidable, et sautèrent à bas de leurs montures. Tandis que les premiers, guidés par l’aide de camp, venaient féliciter le colonel sur son heureux voyage, et mettre leur personne à sa disposition, les secondes, restées à l’écart, nous examinaient comme des phénomènes, tout en rajustant leurs jupons un peu fripés par la course au clocher qu’elles venaient de faire.

Quand le dernier notable eut fini sa harangue, don Estevan, adressant un salut collectif à la troupe, répondit, d’un ton pénétré, que c’était avec un plaisir indicible qu’il venait au nom du chef de l’État visiter les habitants de Cailloma, si dignes à tous égards de sa sollicitude paternelle. À dater de ce jour, la fidèle province, que de graves intérêts avaient fait négliger un peu, allait marcher de pair avec les plus illustres. Le mesurage de ses terres, en l’appelant à de glorieux destins, inaugurait pour elle une ère fortunée. Désormais, le nom de Cailloma, inscrit au temple de mémoire à côté de celui de ses sœurs, brillerait dans les fastes de la République et les calendarios imprimés à Lima…

L’orateur termina par une recommandation ex-