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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/334

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fraîche ; alors l’arriero désigné par le sort n’eut plus qu’à enfourcher sa nacelle, et muni des engins de destruction, d’une perche et du cordeau dont je me servais d’habitude, il abandonna le rivage, salué en manière d’adieux par les railleries de ses compagnons.

À l’aide du bâton, qu’il manœuvrait comme une pagaie, l’Indien réussit à s’avancer au large, où le plomb de son cordeau, submergé à plusieurs reprises, signala une profondeur de sept à dix-neuf brasses, qui prouvait une grande inégalité d’assiette dans le fond du lac. La sonde, enduite de fromage à défaut de suif, ramena constamment un sable quartzeux. Bientôt la pêche commença ; à ma grande surprise, les lignes ne furent pas plutôt jetées, qu’elles s’agitèrent et ramenèrent de petits poissons bruns, qu’à ma prière l’homme vint déposer sur la rive, où les muletiers accoururent à toutes jambes. Ces poissons étaient des silures, comme j’en avais déjà recueilli dans quelques lacs andéens, et notamment dans ceux de Tungascua, de Quellhuacocha et de Titicaca. Leur taille variait de trois à six pouces. Il y en avait quatre variétés, connues sous les noms indigènes de bagre, suchi, pichingote et chiñi. Ce dernier, de la longueur du doigt, d’une couleur de suie et de mine assez équivoque, avec sa tête relativement énorme, ornée de deux barbules, excita d’abord l’étonnement des muletiers, qui ne s’attendaient pas