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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/34

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toutes les circonstances de sa liaison avec le célèbre cacique, ce qu’il s’empressa de faire après avoir requis humblement l’autorisation du curé.

« José Gabriel Tupac-Amaru que tu veux connaître, me dit l’Indien, était le dernier rejeton de la descendance Condorcanqui et l’arrière-petit-fils de cet Inca Tupac-Amaru à qui le vice-roi Toledo fit trancher la tête. Né à Cuzco, il fit ses études au collége de San Francisco de Borgia, se maria plus tard avec une de ses cousines et vint s’établir à Tungasuca, dont il était cacique par droit de naissance. À l’époque où nous nous connûmes, il avait quarante-huit ans, juste six ans de plus que moi.

« Sans la révolution qui éclata dans ce village, Nous ne nous serions peut-être jamais liés, car Tupac-Amaru était de la race des empereurs ; il était riche et moi pauvre chasqui de la nation Poque, je n’avais pour vivre que mon état de messager, qui consistait à porter d’une province à l’autre les dépêches du vice-roi. Pour un voyage de cent lieues on me donnait quelquefois une piastre ; quelquefois aussi les agents espagnols ne me donnaient rien et me battaient fort, sous prétexte que j’étais resté trop longtemps en route.

« Un jour, en revenant de Macusani, je trouvai notre place de Tungasuca remplie de monde. On faisait cercle autour d’un homme qui gesticulait en parlant très-fort. Je m’approchai et reconnus don