munir d’un coucher complet, vu que je ne trouverais nulle part, sur ma route, un lit où je pusse dormir. L’avis me parut charitable, et j’en remerciai intérieurement mon ami : mais comme le transport d’un coucher entraînait la location d’une bête et d’un homme, que les pellons de ma selle pouvaient, jusqu’à un certain point, remplacer un matelas, et qu’enfin un voyage de douze lieues n’était qu’une promenade, je congédiai le porteur du billet, en le chargeant d’offrir mes civilités au chanoine. Une demi-heure après, j’avais dépassé les dernières maisons du faubourg de Santa Ana, et comme j’allais entrer en rase campagne, je m’arrêtai un moment pour repasser dans ma mémoire les instructions de mes chanoines, afin de m’y conformer de mon mieux. D’après l’itinéraire qui m’avait été tracé, je devais, au sortir de Cuzco, gagner l’immense plaine connue sous le nom de pampa d’Anta, marcher une heure environ dans la direction du nord-est, puis, ayant relevé, à ma gauche le village de Maras, à ma droite celui de Yucay, prendre une grande route qui traversait la plaine, et suivre cette route jusqu’à ce que j’aperçusse, à trois mille pieds au-dessous de moi, la ville d’Urubamba et la rivière Vilcanota ; un pont m’aiderait à passer d’une rive à l’autre. Une fois sur la rive droite, je n’avais plus qu’à me diriger vers le nord, pour arriver en peu d’heures à Ollantaytampu, but de mon voyage. C’é-
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