mes pieds à saper la muraille. L’aurore me surprit dans cet agréable exercice. Mon premier soin fut d’aller à la recherche de mon cheval, dont je ne tardai pas à retrouver la trace. L’animal, profitant d’un escalier grossièrement taillé dans la berge par quelque Indien de la chacara, avait passé d’une rive à l’autre, non pas à la nage, comme il m’avait semblé le voir, mais à pied sec ; il est vrai que mon torrent de la nuit n’était plus au jour qu’un ruisseau vulgaire, auquel la pente du terrain et quelques grosses pierres semées dans son lit, prêtaient le mouvement, l’écume et le bruit qui m’avaient induit en erreur. Une fois sur l’autre rive, l’overo était entré dans un carré de luzerne, s’y était vautré préalablement pour se délasser, puis, au lieu de dormir. s’était mis à paître. Les herbes foulées et l’espace tondu, attestaient suffisamment le fait. Craignant pour ma bourse l’arrivée du propriétaire, et par suite l’évaluation du dommage, je me hâtai de traverser le ruisseau, de saisir l’animal aux crins, et de l’entraîner vers la chacara, où je lui jetai sa selle sur le dos. Un quart d’heure après, nous étions en marche.
À peine eus-je fait deux cents pas, que J’entendis un tintement de clochettes ; un troupeau de lamas venait à ma rencontre, conduit par une Indienne qui filait tout en marchant. L’apparition de ce visage humain me fut d’autant plus agréable, qu’elle allait me permettre de sortir d’embarras.