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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/360

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Étroitement resserré entre le pied de la puna dont j’occupais le faîte, et une chaîne de serros qui bordaient l’horizon devant moi, la vallée d’Urubamba, sortant à ma droite des profondeurs de la perspective, s’allait perdre à ma gauche dans les gorges de Silcay, embrassant dix-huit lieues de pays cultivé, à travers lequel la rivière Vilcanota, tantôt irritée et blanche d’écume, tantôt calme et d’un bleu limpide, développait son cours sinueux. Sur ce long et étroit tapis, où toutes les nuances du vert étaient prodiguées, trois villages s’élevaient au milieu des massifs de pisonays (erythrina pisonay), de saules et de chilcas (vernonia serratuloïdes). C’étaient Urquillos et son hacienda seigneuriale, Huayllabamba et sa tour carrée, puis Urubamba, que son pont de deux arches, le dôme de son église et son simulacre de fontaine, dénonçaient comme le chef-lieu de la province, quand bien même on eût ignoré qu’à son importance architecturale, Urubamba joignait la qualification de bene merita, et que cette qualification, donnée par décision du congrès de Huancayo, en 1839, équivalait à un titre de noblesse et élevait la bourgade au rang de métropole. Autour de ces villages, situés à une demi-lieue l’un de l’autre, et sur le même parallèle, se groupaient force maisonnettes dont les murailles, blanchies à la glu de cactus, brillaient au soleil comme si elles eussent été vernissées. Avec leurs tuiles rouges et leurs volets