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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/361

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bleus ou verts, ces jolis cottages, entourés d’arbres et de fleurs, ressemblaient de loin à des jouets d’enfants, Tout cela gai, pimpant, propret, se détachait en vigueur sur le ton grisâtre des serros, au-dessus desquels, reculant d’assises en assises comme un gigantesque escalier, se dressaient les pitons neigeux de la Cordillère, que le pic du Salcantay dominait fièrement de toute sa hauteur.

Je quittai mon observatoire et je m’engageai dans le chemin en hélice qui conduit de la pampa d’Anta au bord de la rivière. Ce chemin, ébauché d’abord par quelque commotion volcanique, fut élargi et achevé ensuite par les fils du Soleil qui, depuis Manco jusqu’à Huayna Capac, c’est-à-dire pendant près de cinq siècles, avaient fait de la vallée qui s’étend entre Calca et Silcay, un lieu de plaisance où ils venaient passer les beaux jours de l’année. Pour ces infatigables pionniers, qui traçaient une route de cinq cents lieues à travers les Andes neigeuses, ou perçaient trente lieues de granit pour se procurer une eau plus limpide, l’achèvement de ce chemin en spirale n’avait dû être qu’un passe-temps ; je mis deux heures à le descendre.

Une fois en bas, je passai le pont et me trouvai sur l’autre rive, au milieu d’un rond-point bordé de chaumières dont les portes et les fenêtres étaient hermétiquement closes. Une solution de continuité, ménagée à dessein entre ces demeures, permettait