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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/363

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surpris du silence dans lequel elle était plongée. En effet, je ne voyais dans toute sa longueur ni passants, ni boutiques, ni flâneurs sur les portes, ni curieux aux fenêtres, ni chats ou chiens sur le seuil des maisons, rien enfin du bruit ou de l’animation qui caractérise toute ruche humaine. Si le soleil, au lieu de monter, eût été en train de descendre, j’aurais cru que la cité bien méritante se livrait aux douceurs de la sieste ; mais, à neuf heures du matin, une pareille supposition n’était pas admissible.

Toutefois, cette immobilité n’était qu’apparente, et je n’eus pas fait vingt pas dans la rue que plusieurs persiennes se levèrent, me laissant apercevoir des têtes de femmes, les unes jeunes et bien peignées, d’autres vieilles et ébouriffées, qui toutes s’allongeaient en dehors pour me voir passer. Au moment où j’allais prier l’une de ces femmes, brune assez piquante, de m’indiquer une chicheria, pulperia ou bodezon, le titre de fonda, c’est-à-dire d’hôtel, me paraissant dérisoire et pouvant m’attirer quelque raillerie, la femme que je regardais me fit un petit signe, accompagné d’un clignotement de paupières, qui me parut si compromettant, que je tournai vivement la tête d’un autre côté. Une matrone venait justement d’ouvrir sa fenêtre. Je la saluai ; mais, sans attendre ce que j’avais à lui dire, elle m’invita tout d’abord à entrer chez elle. Comme je ne bougeais pas, elle crut devoir ajouter, pour