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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/364

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me décider : Entra pues ; las tengo muy bonitas y quedara V. satisfecho (entrez donc ; j’en ai de très-jolies, et vous serez satisfait).

J’allongeai un coup de bride à mon overo, qui prit aussitôt son trot le plus allongé ; mais l’invitation de la matrone avait éveillé des échos ; toutes les persiennes s’ouvrirent à la fois, et des femmes de tout âge et de toutes les nuances de peau, depuis le café au lait clair jusqu’au chocolat foncé, me poursuivirent d’appels provocateurs et de gestes inqualifiables. Troublé par ces clameurs, je pris au hasard la première ruelle qui s’ouvrit devant moi, et me trouvai bientôt en rase campagne.

Là, je réfléchis à ce que je venais de voir, et, malgré mon désir d’y trouver une explication satisfaisante, j’avoue que mes idées commençaient à prendre le cours le plus défavorable pour la moralité des habitantes d’Urubamba, lorsque j’entendis, au-dessus de ma tête craquer le chien d’un fusil qu’on armait. À ce bruit, si facile à reconnaître pour peu qu’on soit chasseur, je fis faire à mon cheval un écart considérable, autant pour juger à distance du danger qui me menaçait, que pour reconnaître l’ennemi auquel je pouvais avoir affaire. J’aperçus alors à dix pas de là, sur la crête d’un talus qui bordait la ruelle, un homme, assis à l’ombre d’un genêt en fleurs, qui, de l’air le plus indifférent du monde, examinait les ressorts de sa carabine, dont le tube