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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/365

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me parut avoir quatre pieds de hauteur. Du premier coup d’œil je reconnus un Européen ; mais à quel pays appartenait-il ? C’est ce que le son de sa voix pouvait seul m’apprendre : je ne vis donc rien de mieux que de lui adresser la parole ; seulement, comme la façon dont nous étions placés, lui en haut, moi en bas, eût rendu le dialogue assez fatigant, je fis un détour, montai sur le tertre et le rejoignis.

Mon apparition ne parut pas l’émouvoir beaucoup ; il regarda mon cheval plutôt que ma personne, traduisit son opinion sur le compte de l’animal par un regard assez dédaigneux, et se remit à faire jouer la batterie de son fusil sans paraître s’apercevoir de ma présence.

« Buenos dias, paisano, lui dis-je en touchant mon chapeau.

Buenos dias à V, paisano,  » me répondit-il en ôtant tout à fait le sien et me regardant de tous ses yeux.

Si courte que fût cette phrase, elle me permit de juger que mon homme était Espagnol, et sa façon de prononcer les s m’apprit en outre qu’il était Andalous.

« Vous avez là une arme respectable, continuai-je en indiquant du doigt la carabine dont il faisait jouer les ressorts ; avec un canon pareil on doit atteindre le gibier au delà des nuages.