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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/367

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pour deviner la pensée qui dictait cette offre, et, n’y trouvant rien qui choquât sa susceptibilité, il se leva et prit un cigare qu’il examina avec une satisfaction visible.

« Il y a bien longtemps que je n’en ai fumé de pareils, me dit-il.

— J’en ai d’autres à votre disposition, lui répondis-je ; maintenant, trouvons du feu, et, tout en fumant, je vous demanderai un petit service. »

L’inconnu sortit de sa poche un de ces yesqueros en corne de bélier, rempli de linge brûlé, comme en ont les alcades de la sierra, battit le briquet et me le présenta. J’allumai mon cigare, il alluma le sien, et comme, en pays espagnol, l’offre et l’acceptation d’un cigare établissent sur-le-champ une certaine intimité entre celui qui donne et celui qui reçoit, nous nous envoyâmes mutuellement des bouffées de fumée au visage, comme si notre connaissance datait déjà d’une semaine.

« À quoi puis-je vous être bon ? me demanda-t-il après quelques minutes de silence, pendant lesquelles il me parut occupé à prendre un signalement exact de mon individu, bien qu’il affectât de regarder ailleurs.

— Sachez, paisano, lui répondis-je, que je suis parti hier de Cuzco avec l’intention bien arrêtée de me rendre à Ollantaytampu, mais, faute d’une connaissance exacte du chemin, je me suis égaré dans