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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/368

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la pampa d’Anta, où j’ai passé ma nuit à battre la semelle, ce qui ouvre singulièrement l’appétit, comme vous savez ; j’arrive donc à Urubamba, n’ayant pas encore déjeuné, et, qui pis est, ne sachant à qui m’adresser pour sortir d’embarras…

— Permettez, me dit l’Espagnol ; pour venir ici, vous avez dû prendre par la calle Mayor, ou la rue du Commerce, comme on l’appelle ; eh bien ! toutes les maisons de cette rue ne sont que des chicherias, et des chicherias où l’on mange fort bien, pardieu !

— En fait de chicherias, lui répondis-je, je n’ai vu que certains lieux dans lesquels on m’invitait à entrer, et j’avoue…

— Alors, pourquoi n’entriez-vous pas ?

— Pourquoi ? Ah çà ! pour qui me prenez-vous, mon cher ?

— Mais je vous prends pour un voyageur qui cherche à déjeuner, et je ne m’explique pas pourquoi, trouvant sur votre route des maisons honnêtes et d’honnêtes personnes, vous n’acceptez pas le couvert des unes et les offres des autres. »

Cette façon toute philosophique d’envisager les choses me donna à penser que la moralité de cet inconnu devait être pour le moins aussi débraillée que son costume.

« Señor, lui dis-je d’un ton assez froid, j’ignore complétement les us et coutumes de cette localité ; mais ce que je puis vous certifier, c’est que, dans