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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/37

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bruit que les Espagnols faisaient dans l’église. Comme le jour allait paraître, la charpente embrasée s’écroula ; nous écoutâmes, et, n’entendant plus rien, nous fîmes silence à notre tour.

« Deux jours après cet événement, Tupac-Amaru me nommait général de division et m’envoyait à la tête de douze mille hommes au-devant de son neveu le niño Mendiburu. L’enfant s’était enfui de chez ses parents et combattait de son côté pour la même cause que nous. Après avoir soulevé les populations de la Paz, de Potosi, de Cochabamba, il se dirigeait vers Sangarrara, quand je le rejoignis près du grand lac de Chucuytu. Nous traversâmes les provinces de Huancané et de Laricaja, laissant derrière nous une trace de sang et des tourbillons de fumée. Les Espagnols s’étaient réfugiés dans Sorata, à l’abri de fortifications en terre, d’où leurs canons vomissaient sur nous le fer et le feu. « — Tayta, me dit l’enfant Mendiburu, ils vont tuer nos hommes jusqu’au dernier si nous n’y mettons ordre. Il me vient une idée. » Sans s’expliquer davantage, il réunit cinq cents hommes, se met à leur tête, et, tournant la base du serro d’Ancona devant lequel la ville était édifiée, il commence à gravir ses flancs escarpés. Je le perds bientôt de vue. Pendant ce temps, les Espagnols ne cessaient de tirer sur nous. J’éparpille mes hommes dans la campagne et les fais coucher à plat ventre. Les canons de l’ennemi s’endorment bientôt. Vers