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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/38

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le soir, voilà que Île serro d’Ancona lâche tout à coup sur la ville les écluses de ses cinq torrents ; l’eau défonce le toit des maisons, balaye les fortifications et nous rend maîtres de la ville. Une heure après, tous les Espagnols étaient égorgés. Quand Mendiburu revint, les étoiles brillaient au ciel. En soupant, il me conta de quelle façon il s’y était pris pour contenir les eaux de la montagne et les diriger sur Sorata. Mes Indiens sont exténués de fatigue, dit-il, mais l’Espagnol est mort, et l’oncle Tupac-Amaru sera content de nous.

« À huit jours de là, nous rentrions à Tungasuca. Tupac-Amaru nous y attendait pour marcher sur Cuzco, où les troupes espagnoles s’étaient rassemblées : avant de partir, le chef nous réunit en conseil et chaque Indien, par l’intermédiaire des Curatas, fut appelé à donner son avis sur le mode d’attaque. Les uns proposaient d’entrer de nuit dans la capitale, pour y surprendre l’ennemi pendant son sommeil, d’autres voulaient qu’on le réduisît par la famine. Quand mon tour fut venu de parler, je dis simplement que des lenteurs nuiraient au succès de notre cause, et qu’une attaque en plein jour, maintenant que nous étions en nombre, me semblait préférable à un combat de nuit. Tupac-Amaru fut de mon avis, et nous nous mîmes en marche. À trois lieues de Cuzco, le chef partagea l’armée en deux corps. Il prit le commandement de l’un et me mit à