Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/379

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Là-dessus il arma sa carabine, et, ne trouvant pas le gallinaso à belle portée, il fit un détour pour s’en rapprocher. Je le laissai à ses affaires, et franchis le seuil de son domicile.

L’intérieur de cette demeure était celui de tous les ranchos de la sierra ; des murs noirs et enfumés, des lézardes et des toiles d’araignée, voilà pour le contenant : quant au contenu, c’étaient des poteries éparses sur le sol, des haillons accrochés aux solives. trois pierres branlantes qui marquaient l’emplacement du foyer, une table et des tabourets à l’état d’ébauche, c’est-à-dire gardant encore l’écorce primitive de l’arbre qui les avait fournis : puis des objets sans nom, sans forme et sans couleur, entassés dans le plus effroyable désordre. Le lit de l’Espagnol se composait d’une barbacoa ou claie, clouée sur quatre piquets fichés en terre ; l’unique peau de mouton qui le recouvrait indiquait chez son possesseur un profond mépris du confortable. Comme j’examinais ce mobilier primitif, une bouffée de vent s’introduisit par la porte entr’ouverte, souleva brusquement les toiles d’araignée, et, atteignant le fond de la chambre, fit mouvoir un rideau dont je ne soupçonnais pas l’existence. Ce rideau, en bayeta grise, qui se confondait si bien dans la pénombre avec le ton général des murailles, que je ne l’avais pas distingué, était posé sur une perche qui tenait lieu de tringle, et divisait la hutte en deux