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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/380

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compartiments. Soit que le mouvement imprimé à l’étoffe eût éveillé l’attention d’êtres inconnus qui se trouvaient dans l’autre pièce, soit que le bruit de mes pas les eût tirés de leur méditation, j’entendis aussitôt des sanglots étouffés et de vagues paroles entremêlées d’un bruit de chaînes, qui eurent pour effet de changer ma curiosité en une émotion indéfinissable. Pendant que je réfléchissais sur ce mystère, un coup de feu retentit au dehors ; instinctivement je me rapprochai de la porte, et je vis Pedro Diaz ramasser l’oiseau qu’il venait de tuer. En se retournant, il m’aperçut sur le seuil et me montra sa chasse d’un air triomphant. J’avoue que je ne me sentais pas complétement à l’aise. Le souvenir du bruit étrange que je venais d’entendre prêtait en ce moment au chasseur de gallinasos un aspect presque effrayant, et j’eusse autant aimé me trouver seul dans la pampa d’Anta qu’en compagnie de cet homme ; mais, résolu à faire bonne contenance jusqu’au bout, j’accueillis sa présence d’un air dégagé, et lui demandai même à quelle sauce il comptait apprêter son volatile.

« Une sauce ? fit-il, bah ! mes enfants n’en voudraient pas ; ils aiment mieux la viande crue.

— Diable ! exclamai-je cette fois, moins rassuré que jamais, ils ont là un drôle de goût, vos enfants ! »

L’homme sourit, jeta son vautour sur la table, alla déposer sa carabine dans un coin, m’offrit un