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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/39

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la tête de l’autre. Je devais entrer à Cuzco par San Sébastian, pendant que Tupac-Amaru s’y introduirait par les hauteurs de Picchu. Comme le chemin que j’avais à suivre était tout uni, tandis que celui qu’avait pris le chef serpentait autour des serros, j’arrivai le premier dans la ville. En nous voyant, les Espagnols se débandèrent ; deux compagnies de miliciens ayant tenté de résister, nous les assomâmes à coups de bâton.

« Le soir, je rejoignis Tupac-Amaru sur les hauteurs de Picchu. De cet endroit, nos regards plongeaient dans la ville, où j’avais laissé une garde de deux cents hommes. Au milieu de la nuit des feux s’allumèrent sur plusieurs points. « — Vois, me dit le chef, ce sont les Espagnols qui se rallient. — Tu te trompes, lui répliquai-je, ce sont nos Indiens qui se chauffent, » Là-dessus nous essayâmes de nous rendormir.

« Quand le jour parut, nos hommes, formés en colonne, s’engageaient dans la gorge de Santana pour descendre à Cuzco. Tupac-Amaru s’était mis à leur tête. À l’entrée du premier faubourg, un bataillon d’Indiens cxmmandé par le cacique Matheo Pomacagua, vint se joindre à nous. Tupac-Amaru les accueillit en frères et leur demanda des nouvelles de l’Espagnol. Il est en fuite, dit le cacique. En regardant les nouveaux venus, je distinguai quelques visages barbus qui se cachaient sous des