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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/381

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tabouret sur lequel je m’assis, et retirant d’une cavité de la muraille une bouteille en grès et deux moitiés de calebasse, il versa quelques gouttes d’eau-de-vie dans chacune de ces coupes.

« À votre bonne santé, » me dit-il en vidant la sienne.

Je m’empressai de répondre à sa politesse, assez inquiet de savoir comment se terminerait notre entrevue.

Mais la voix de l’Espagnol avait averti nos mystérieux voisins de sa présence, et les gémissements, toujours mêlés au cliquetis des chaînes, recommencèrent de plus belle ; tout à coup une voix, dont l’accent n’avait rien d’humain, s’écria dans un castillan très-pur : L’homme amoureux n’est qu’une bête ; l’homme amoureux… prrrrrrrou… Au mouvement que je fis sur mon siége, Pedro Diaz partit d’un éclat de rire, et, se levant, alla tirer le rideau du fond. La cause de mon étonnement, je pourrais dire de ma frayeur, me fut alors expliquée.

Cette seconde pièce, d’un tiers plus petite que la première, était percée de deux fenêtres, garnies, en manière de vitrage, d’un tissu de coton assez clair pour laisser passer à la fois l’air et la lumière. Son ameublement consistait en un grand châssis tres-ingénieusement orné de bâtons placés dans le sens horizontal, et sur lesquels une cinquantaine de perroquets, alignés par rang de taille, gardaient le plus