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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/382

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bel ordre, grâce à la chaîne de fer qui entourait leur patte et se rattachait au perchoir. Toutes les variétés des psittacules américains, depuis le huacamayo[1] jusqu’à l’anaqué[2], depuis le chiriclès[3] jusqu’au molinero[4], avaient un ou plusieurs représentants dans la collection. Une mangeoire en forme de godet, vide pour le moment, était placée à côté de chaque prisonnier. La configuration inaccoutumée de cette volière éveillait dans l’esprit des idées de torture que confirmait jusqu’à un certain point l’aspect anomal des oiseaux qui la peuplaient. Les malheureux, au lieu du riche vêtement de plumes multicolores qu’ils portent d’habitude, n’étaient couverts que de ce duvet primitif d’un gris terne, que revêtent les jeunes dindons au sortir de l’œuf. Cet habit râpé donnait aux perroquets une mine piteuse, à laquelle leur grosse tête, percée d’yeux bêtes et enjolivée d’un bec crochu, ajoutait un cachet tout à fait original. Jamais, à coup sûr, oiseaux d’une tournure plus hétéroclite n’avaient posé sur un perchoir, et leurs frères des vallées, en les revoyant dans cet accoutrement, non-seulement ne les eussent pas reconnus, mais même les eussent poursuivis de coups de bec et de huées.

En apercevant leur maître, l’allégresse des psittacules avait éclaté dans un chœur de croassements si

  1. Ara splendens.
  2. Psittacus coronatus.
  3. Chiriclès inseparabilis.
  4. Psittacus pulverulentus.