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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/386

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baient sur le dos, et Dieu sait que les coquins ne nous épargnaient pas la besogne.

« Les choses restèrent sur ce pied, jusqu’au jour où Pezuela fut rappelé en Espagne ; c’était pour nous une occasion superbe de rentrer à Madrid, et j’en touchai deux mots au colonel ; mais le pauvre homme secoua la tête comme pour me dire qu’il n’y fallait pas songer. La Limeña, qu’il avait épousée, parlait de se renfermer dans un couvent si on voulait la contraindre à quitter son pays. Mon maître l’aimait trop pour la contraindre, il céda ; et comme La Serna venait d’être nommé vice-roi en remplacement de Pezuela, il profita de cette occasion pour se retirer du service.

« Pendant un an tout alla pour le mieux ; le colonel était l’homme le plus heureux du monde. Une fille lui était née, qui faisait ses délices, et comme il était adoré de ses serviteurs, c’était parmi nous à qui caresserait le plus le petit ange entré dans la maison ; mais un second enfant vint à naître, sur lequel le colonel n’était pas en droit de compter, si j’en juge par l’étonnement qu’il manifesta en le voyant paraître. Il est vrai qu’il revenait de visiter ses estancias de la sierra, et qu’il avait été plusieurs mois absent. Sa femme entreprit alors de lui expliquer la chose, car une Limeña expliquerait l’Alcoran. Le colonel ne comprit rien à ses explications, si ce n’est qu’il était battu… mais non pas content.